Toulouse is AI
NOTRE TEXTE FONDATEUR : REGARDONS EN FACE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE.
Dernière mise à jour : 24 avr. 2019
« IA », les deux lettres que vous entendez prononcer partout, à tout propos. Et franchement, à force ça vous :
1- fascine
2- fait peur
3- ça vous lasse.
Quelle que soit votre réponse, sincèrement, on vous comprend. Rarement peut-être une expression aura connu un tel pic d’usage en si peu de temps. Pourtant, contrairement à d’autres mots ou expressions, il y a toutes les raisons de penser que ce n’est pas un effet de mode. Plutôt un phénomène aux répercussions multiplies, précisément difficile à saisir parce que protéiforme.
Lorsque l’on entend les deux lettres « IA » (pour intelligence artificielle) on ne sait pas toujours si l’on parle de la discipline de recherche fondamentale, de la recherche appliquée, des transferts de technologies et des solutions utilisées par les entreprises ou alors de l’objet d’un débat économique, philosophique voire anthropologique. Pourquoi ? Parce que l’intelligence artificielle est tout cela à la fois : d’abord le développement d’algorithmes pour des tâches de perception, de compréhension et de prise de décision (toutes tâches qui requièrent de l’intelligence) mais aussi un ensemble de théories, de technologies et de concepts... L’IA se trouve au centre du jeu parce qu’elle fait appel et intéresse en même temps de nombreuses disciplines : les mathématiques, les sciences cognitives, les systèmes complexes, la robotique qui, elles-mêmes, peuvent s’appuyer sur ce dont elles ne pouvaient pas disposer auparavant : des données et des informations massives sur tous les domaines imaginables, de la moindre trace numérique de notre vie personnelle à toutes les informations constituant le fonctionnement d’une entreprise.
Et c’est donc à l’intersection des outils et des univers potentiels d’application de ces algorithmes que surgit le potentiel de l’IA. Un potentiel phénoménal qui n’en est aujourd’hui qu’à ses commencements, tant du point de vue de la compréhension scientifique que de ses applications, de ses usages sectoriels ou des services qu’elle peut rendre aux humains.
De ce fait et parce qu’elle est potentiellement créatrice de valeur, de nouvelles entreprises et d’emplois, l’intelligence artificielle fait l’objet d’une rude concurrence mondiale, depuis les centres de recherche jusqu’aux entreprises en passant par les universités ou les centres de formation.
À Toulouse, un projet d’une ampleur exceptionnelle est en train de naître, le projet ANITI. Coordonné par l’Université fédérale, il vise la création d’un institut interdisciplinaire d’intelligence artificielle. Son objectif, basé sur l’intelligence artificielle hybride (une approche scientifique nouvelle qui veut injecter des contraintes normatives dans du deep-learning pour rendre l’IA plus éthique, plus fiable, plus adaptable et certifiable), est de lever des verrous scientifiques, développer des solutions innovantes, doubler le nombre d’étudiants formés d’ici à 2023 et de créer dans le même temps une centaines de startups.
Toutes ces perspectives sont ambitieuses. Elles sont aussi enthousiasmantes mais pour qu’elles le soient pour tous, il faut que les projets d’IA soient intelligibles, transparents, sécurisés et acceptables. Car un des freins potentiels au développement des projets IA est la résistance des consommateurs, des entreprises et des citoyens. La crainte d’une dépossession des actions vues comme purement humaines au profit des machines ou l’incompréhension du fonctionnement des algorithmes peuvent avoir de lourdes conséquences : freiner les expérimentations qui nécessiteront la mobilisation d’un territoire ou d’une catégorie de population et pire, voir s’accentuer la défiance des citoyens à l’égard de la technologie et de la science.
La première urgence face à l’IA est donc de la comprendre. Comprendre comment elle fonctionne (et ce qui ne marche pas), comprendre ce que font les chercheurs pour la sécuriser et la fortifier. Comprendre à quoi elle pourrait servir et ce à quoi, nous les humains, nous ne voudrions surtout pas qu’elle serve.
C’est le défi de Toulouse is AI, un collectif ouvert et participatif dont l’objectif est de partager le plus largement possible les connaissances sur l’IA et de susciter le débat autour de ses perspectives et de ses effets sur l’économie, d’anticiper les répercussions sur les métiers, les organisations des entreprises et la formation. L’autre défi est d’apporter une contribution au mouvement qui se fait jour de « l’AI for humanity » ou de « l’AI for everyone ». Utiliser l’IA et l’automatisation pour construire le monde que l’on souhaite plutôt que de les subir. Avec l’intelligence artificielle, l’humain(e) de 2019 est tombé(e) sur un sacré monolithe. Pour ne pas errer autour, arrêtons d’en avoir peur, regardons l’IA en face.